Face à l’Allemagne, les Bleus devaient relever un énorme défi, affronter les Champions du Monde 2014 pour rejoindre le Portugal en finale et faire par la même occasion oublier l’affront, certes lointain, de la demi-finale de Coupe du Monde 1982 à Séville. Dans un Stade Vélodrome chaud bouillant, les 22 acteurs rêvaient tous d’écrire une page d’histoire, et l’un d’eux y parvint.
Mannschaft vs Griezmann
Didier Deschamps, qui avait titularisé Umtiti et Sissoko, à la place de Rami et Kanté, reproduisait le schéma tactique qui s’était avéré payant face à l’Islande, battue sur un score fleuve. Dès le début du match, le pari offensif de l’entraîneur se révélait performant. Privés de ballon et jouant sur le reculoir, les Allemands étaient malmenés par des Bleus survoltés et ayant démarré pied au plancher. A la 7e minute, Griezmann, après un une-deux avec Matuidi, était en position de tir sur son pied droit : Neuer détournait en corner et s’imaginait passer une dure soirée en raison de la vivacité des attaquants français.
Néanmoins, progressivement, sans affolement, les joueurs de Joachim Löw remettaient le pied sur le ballon, récupéraient la possession de balle et profitaient des mésententes dans le repli défensif entre Evra et Payet pour alerter Lloris. Emre Can à la 14e faisait parler l’agilité du portier bleu, tandis que Schweinsteiger testait aussi ses réflexes… La France reculait, laissait trop de marge de manoeuvre aux joueurs adverses, qui ne subissaient plus de pressing. Les Français ne contrôlaient plus la rencontre et procédaient même en contre : à la 42e minute, Giroud prenait le dessus sur Boateng dans le rond central. Il partait à grandes enjambées en direction du but de Neuer mais était admirablement stoppé par Höwedes, auteur d’un tacle dans la surface de réparation de grande classe et d’une parfaite maîtrise. Alors que l’on se dirigeait vers la mi-temps sur un score de parité, l’arbitre, à la suite d’un corner tiré par Griezmann, avertissait le capitaine allemand d’un carton jaune et désignait le point de penalty. Stupeur dans le camp allemand mais explosion de joie au Vélodrome : effectivement, Schweinsteiger avait défendu en s’aidant de la main dans la surface sur Evra, décision arbitrale logique donc ! Griezmann s’élançait et marquait, effaçant son mauvais souvenir de la finale de la Champions League.
Obligés de revenir au score, les Allemands repartaient sur les chapeaux de roue et continuaient à dominer l’entrejeu. Toutefois, le sort frappait une nouvelle fois. Après le penalty qui avait ébranlé la Mannschaft, la sortie sur blessure de Boateng, qui s’ajoutait à celles de Gomez, Hummels, Khedira, déséquilibrait la défense et sur un cafouillage de Kimmisch dans sa surface, Griezmann pouvait, après un centre de Pogba mal dégagé par Neuer, faire trembler une seconde fois les filets.
Menés 2 à 0 à la 72e minute, les Germains n’avaient d’autres choix que de se découvrir pour essayer de rapidement recoler au score, laissant des opportunités aux attaquants français, mais Gignac, rentré à la place de Giroud, pas plus que Griezmann, un peu cuit, n’en profitait. Et ce sont les Allemands qui dans les arrêts de jeu allaient obliger Lloris à se détendre à l’horizontale sur une dernière tête de Kimmisch.
Un match référence avant le Portugal en finale ?
Après avoir enchaîné pendant deux ans les matches amicaux puis bénéficié à l’Euro 2016 d’une poule facile, d’un huitième de finale contre l’Irlande et d’un quart contre l’Islande, la France a réalisé son premier match test face à une équipe qu’elle n’avait plus battu en compétition officielle depuis 1958. Oublié les défaites en Coupe du Monde à Séville en 1982, puis Mexico en 1986 et à Rio en 2014.
Le prochain et dernier adversaire est le Portugal, qui a réalisé un parcours pour le moins tortueux, terminant 3e de sa poule. Cependant, avec un Ronaldo retrouvé, les Portugais ont su surclasser les Gallois en demi-finale et ainsi se qualifier pour la finale de l’Euro 2016, douze ans après celle manquée chez eux face à la Grèce.
Lors de la dernière rencontre amicale entre les deux natios, la France s’était imposée 1 à 0 grâce à un but de Valbuena, absent de la liste des 23. Mais avec Griezmann, meilleur buteur de l’Euro 2016 avec déjà 6 réalisations, les Bleus ont trouvé un autre canonnier et Rui Patricio sait de qui il va devoir se méfier.